[Réprouvé Horde] Edgard

Je ne pensais pas un jour me retrouver dans une telle situation… Comme
vous me voyez actuellement, je suis un non-mort, un mort-vivant ou un
réprouvé comme certains se plaisent à nous qualifier; mais je n’ai pas
toujours été ainsi, j’étais avant, un humain, membre du culte des
damnés, un vivant au service du roi Liche!

Œuvrant pour le
retour de la puissante peste du fléau, j’étais un maître des ombres
tout puissant, cherchant à vaincre la vie et à servir le prince déchu.
Il y a fort longtemps, la Comté de l’or était à mon service, tous dans
l’illusion d’un monde parfait ignoraient que dans les sous-sol de ce
bourg s’organisait une secte, le culte des damnés.

J’étais le
chef du culte dans les contrées humaine, et bien que beaucoup me
devaient le respect, les agents ne cessèrent de convoiter mon poste,
mais jamais cela n’arriva par leur acte.
Ainsi, j’avais comme
mission de convertir Hurlement, afin d’en faire la capitale du fléau
dans le Royaume de l’Est, en l’absence du roi, cela était bien plus
aisé de combattre ce soldat, Fordragon, pourtant, une force que je
n’imaginait pas à l’époque allait se dresser en travers de mon chemin.

Nous
nous apprêtions à passer à l’acte, notre chaudron de peste était prêt,
nous allions lancer la peste depuis les égouts de la ville, nous étions
donc protégé dans les ombres, enfin c’est-ce que nous pensions… Nous y
étions presque, mais il fallut qu’une stupide alliance vienne tout
briser! Non… Je ne parle pas de l’Alliance des humains, mais belle et
bien d’une alliance entre la horde et l’alliance, c’est lâche, c’est
traitre, marchant côté à côté vinrent stopper notre entreprise…

« Traitre au fléau! » Hurlais-je en plantant ma dague dans le corps d’un mort vivant de notre groupe.

« Je
savais bien qu’il ne fallait pas faire confiance à un mort! » Répliqua
une humaine. « Mais maintenant, la horde et l’alliance nous barrent la
route vers la mort! Edgard replions-nous! »

J'acquiesçai et passa
à travers un sombre tunnel débouchant hors de la ville, je ne voyait
plus les membres de mon groupe, mais je devais courir, ils étaient plus
nombreux que nous, et il y avait des paladins…

A travers les
plaines, je sentais l’air se réchauffer, un paladin n’était pas loin,
il me suivait de loin, chevauchant sa monture… Je préféra m’arrêter
net, faisant face au danger, je dégaina mon bâton, lentement, scrutant
l’horizon à la recherche de mon ennemi.
Celui-ci me prit par
surprise et me fit lâcher mon arme à l’aide d’un violent coup de
bouclier, le bâton vola en éclats en retombant à terre.

« Sale traitre à ton prince, sois maudit! »

Des
mains sortirent tout à coup du sol, rampant sur les jambes de l’humain
qui se débattait, je reculais, regardant avec plaisir à ce spectacle
morbide. Le visage déformé par la peur du paladin me remplissait de
joie, jusqu’à ce que je vit la lumière s’abattre sur moi,
m’immobilisant et libérant le paladin, à ce moment, nos expressions
s’échangèrent, grimaçant de douleur et lui, souriant de plaisir.

Il
s’avança vers moi, épée à la main : « Je vais t’enlever jusqu’à ta
dernière goutte de vie! » Il abattit son épée sur moi, le déchirant le
corps, j’hurla de douleur. Le paladin enfonça son épée un peu plus, me
cassant les côtes, chaque secondes n’étaient que douleur insupportable;
je chercha fébrilement un objet dans ma poche, et mis la main sur ma
liberté, je savais que ce genre d’arme ne s’utilisait pas à la légère,
mais c’était ma dernière chance, je sortit fébrilement, une baguette
magique, finement sculptée dans un os, cette arme était confiée à
chaque membre du culte des damnés, elle se servait de l’esprit de son
porteur pour assigner une charge fatale à un ennemi, je la brandit donc
droit devant moi, à quelque centimètres de mon adversaire qui la
regarda avec interrogation.

« Une simple baguette ne m’effraie pas! »

Je
souris, sachant pertinemment ce qui allait se passer, et marmonna une
formule, lentement, doucement, en prenant soin de bien articuler mes
mots : « Sanctifia-noctae-alma-seratum » Tout à coup, la baguette créea
un lien avec mon esprit, un filet de lumière passa de ma tête jusque
dans l’arme qui se mit à trembler, et en une seconde, la foudre tomba,
le choc fit éclater le paladin en d’innombrables morceaux de chairs
informes, pour ma part… Le choc fut tout aussi violent, le sang coulait
à flot sur mon corps, et je me laissa tomber sur le sol.

Vous partez déjà? Qui a dit que c’était fini ? Asseyez vous, l’histoire continue…

Je
pensais en effet que tout était fini, mon esprit vivait, et j’entendais
le roi liche me parler « tuer… survivre ou mourir, servir ou périr… »
ces mots se répétèrent inlassablement dans ma tête comme si je ne
devais plus vivre maintenant que j’étais devenu obsolète…
A mon
réveil, je fut étonné de me trouver sur une plaque de pierre froide,
dans un endroit ressemblant à une cave sombre et humide, remplit de
potions… De produits illicites surement… Et de cadavres… Des créatures
informes se débattant dans l’obscurité, hurlant au désespoir.
Je ne
pouvais pas encore me lever, je remarqua d’ailleurs mon apparence… Ma
peau, grise et sans émotion, je ne sentais plus rien, des ongles
crochus ornèrent mes mains, mon ventre était grand ouvert, mais je
n’avais plus rien à l’intérieur… Seulement les organes indispensables,
mon cœur, mes poumons…

« Ah vous êtes réveillé! »

Une créature s’approcha de moi, me souriant d’une mâchoire inexistante.

« Cela fait des jours que vous dormez, heureusement d’ailleurs parce que je n’avais pas fini votre précieux liquide ! »

« Liquide …? »

Le
mort brandit une petite fiole : « Votre liquide d’embaumement, je l’ai
crée pour vous, il est relativement unique et plus performant que les
autres je dois dire, une fois que je l’aurais placé et relié à vos
veines, vous pourrez remarché! »

Il « trifouilla » dans mon corps, et une fois terminé, il recousu ma peau.

« Comme neuf! »

« Je… Ne comprends pas… »

« Levez-vous et allait voir dans le miroir » Il pointa du doigt un miroir craquelé.

Je me leva et avança avec une démarche nonchalante, une fois devant le miroir, mon souffle se coupa.
Le mort s’approcha et posa sa main sur mon épaule.

« Gloire aux réprouvés! »

Le
réprouvé m’amena dans une petite salle pour que je prennes du repos, il
ferma la porte à clef et partit voire un de ses confrères.

« Il ne faut pas qu’il sache… »

« Quoi donc? »

« Il
n’est pas mort, c’est encore un humain… Il était dans un tel état, je
ne sais pas ce qui l’a rendu comme ça, au bord de la mort, et surtout
je ne sais pas ce qui l’a maintenu en vie, un simple humain serait déjà
mort, quoi qu’il en soit, le liquide que je lui ai fabriqué le rend
comme nous, il servira la Reine Banshee! »

Je ne me souvenais
plus de ce qui s’était passé ces dernières semaines, mais à partir de
ce moment, je découvris une nouvelle vie, je suis aujourd’hui membre
très important de la Société Royale des Apothicaires, membre actif au
service de sa majesté, je me nomme Edgard Kraus, et je suis un réprouvé!